toastLa soirée s'annonçait bien et tout était bien ficelé : toasts chauds à la crème verte (avocat-basilic) puis crème de lentilles à la truffe… Les rideaux étaient soigneusement alignés, les lumières ajustées pour mettre en valeur les chandeliers sur la table. Le diner se déroulait parfaitement bien, et lorsque j'apporte le dessert, j'en profite pour glisser dans la chaîne qui siège à côte de mon gramophone de collection le dernier disque de Pierre-Yves Plat que j'avais acheté le matin même chez le disquaire du coin de la rue.

Mais voilà…

Voilà que quelque chose était subitement en trop. Quelque chose qui apparaissait là dans une ambiance romantique, et qui au fur et à mesure que les minutes avançaient, refroidissait l'atmosphère. Ce quelque-chose me signifiait que l'un des deux était de trop et qu'avant que la soirée ne se conduise pas de façon heureuse, il allait falloir choisir !

Hop, hop hop ! Illico-presto, la décision n'est pas longue pour trancher : je veux terminer ma soirée dans la bonne humeur. Je saisis alors le manteau de ma convive, et j'en profite pour le remercier de sa visite.

Aussitôt la porte refermée, il faut se remettre dans le droit chemin. Je m'installe alors dans mon beau fauteuil, coussin derrière le dos et café sucré. Je sors mon dernier cigare de la Havane (ceux que m'a ramené mon papy lors de son voyage organisé par le club).

Je remets le disque au début et ferme les yeux…

pierre-yves-platPeut-être n'avez-vous jamais entendu parler de Pierre-Yves Plat ? Ce jeune pianiste né en 1980 est de formation classique mais s'est rapidement échappé vers le ragtime puis le jazz. Si on apprécie ce musicien sur disque comme on doit apprécier un pianiste classique, on peut toutefois être surpris par son jeu de scène. Ce n'est pas seulement un humour physique (car Pierre-Yves joue parfois avec les pieds), mais un humour musical tout entier que l'on reçoit. Au cours d'un même morceau, les clins-d'oeil à la musique populaire et à la chanson française sont nombreux. Les nuances dans son jeu sont pleines de finesse, apportant une émotion intense à chaque contour de phrases mélodiques. Car, à l'instar de Jacques Loussier, Pierre-Yves nous fait vivre de la musique classique dans laquelle il incorpore jazz, boogies, ragtimes et autres musiques que l'on ne pense pas pouvoir entendre en même temps. La révolutionnaire de Chopin se métamorphosant en un ragtime joplinien est pleine de trémolos. La Danse hongroise de Brahms évoluant vers sur un Walkin-bass est envoûtante. Récemment, Pierre-Yves a arrangé la si belle Vie en rose de Piaf (que nous avons déjà mis en lumière sur ce site), une interprétation qui vous tire une larme nostalgique de l’œil gauche et un sourire béat de la lèvre droite. La Badinerie de Bach, bien que pleine de virtuosité reste d'une légèreté et d'un fraicheur comparable à mes fameux toasts chauds à la crème verte.

La soirée s'annonçait plutôt bien, et elle s'est déroulée dans la douceur et la poésie, pleine d'humour et de finesse…

 

ardoise

 

  • La Marche turque de Mozart, sauce Benny-Hill jazz :

 

 

 

  • La Sonate au clair de lune de Beethoven, sur lit de ragtime à la russe :

 

 

 

  • La Danse hongroise de Brahms, fraicheur en Fa# mineur accommodé d'un digestif trémolo :

 

 

Si vous ne connaissez pas Pierre-Yves Plat, visitez son site web qui est très complet, plein d'extraits musicaux et de vidéos. Vous pourrez aussi y acheter directement les disques, dont ce fameux dernier album qui m'a changé la soirée. vous pourrez aussi acheter les partitions que Pierre-Yves Plat a arrangé, mais attention : niveau supérieur requis, et porte monnaie à la hauteur (15€ le morceau quand même !).

Et si vous souhaitez l'écouter pour de vrai lors d'un concert aux chandelles, sachez que Pierre-Yves Plat ne reste pas chez lui et visite de nombreuses salles (souvent prestigieuses) dans toute la France. Consultez les dates sur la page dédiée de son site web.

 

http://www.pierreyvesplat.com/